"Parcours Croisés" - Suite - Chapitre 41

Eh oui, chapitre 41! alors pour ceux qui ont raté les 40 premiers ... dommage! Mais vous saurez les retrouver sur le site, bien sûr! Bonne lecture!

Parcours croisés – Dimanche
Chapitre 41
Martina

Avec la fraîcheur de la nuit, l’eau de la piscine m’a presque parue chaude, délicieuse sensation. Les seules lumières du petit croissant de lune et la lampe du salon où Christophe écoute de vieux airs de jazz nous permettent à peine de distinguer des silhouettes ; notre gentil voyeur, Jonathan, est trop occupé à se cacher en se déshabillant pour faire attention à nous et c’est aussi bien comme ça.
- Tu as l’air fatigué, mon chéri !
- Un peu … l’après-midi a traîné en longueur … enfin, on a quand même récolté un peu plus de 300 Euros pour l’Association, c’est pas mal … et vous, bonne après-midi ?
- Instructive ! Nelly est vraiment une drôle de fille !
- Vous avez réussi à la faire un peu parler ?
- Oh oui ! et beaucoup plus que je n’imaginais … c’était même trop facile ! pour tout dire, je ne sais pas qui jouait avec qui, elle ou nous ! C’était bizarre, elle est vraiment particulière … et regarde comment elle colle Annie ! Elle a joué à ça tout l’après-midi !
- Et elle en dit quoi, Annie ?
- Ça l’agace ! mais elle en profite pour la faire parler ! Elle y arrive mieux que moi ! Moi, elle m’énerve … Annie nous racontera ce soir !
- On ne rentrera pas trop tard ! tu travailles demain ! fini les vacances !
- T’as de la chance … t’as pas cours, toi !
- J’ai deux cours à préparer, quand même !
- Ouais ... Annie ! on sort de l’eau, on va bientôt rentrer !
Annie faisait quelques brasses et nous a fait un petit signe de la main :
- Je vous suis …
Alain m’a épongée avec son drap de bain. Je lui ai fait un petit signe de la tête … Nelly collait encore Annie …

Tout le monde était un peu fatigué après cette journée et tous nous pensions à la reprise du travail après ce long week-end de chaleur ; même Christophe n’alimentait plus les conversations et avait renoncé à sélectionner les morceaux de jazz sur la chaîne de Jérémy.


Annie a fini par nous rejoindre dans le salon, enveloppée d’un paréo et la mine sombre. Quand je l’ai interrogée du regard, elle a levé les yeux au ciel en me montrant Nelly d’un discret signe de tête, et elle est allée retrouver Christophe :
- Alors, patron, toujours mardi 9 heures ?
- Bien sûr ! et j’adorerais que tu m’appelles encore patron : ça me donnerait l’occasion de te donner la fessée que ça mérite!
Jérémy nous a raccompagné pour fermer le portail après notre départ et m’a prise à part un instant :
- C’est bien le lundi que Véro passe à l’agence ?
- Oui, elle passe demain !
Je lui ai donné un petit coup sur l’épaule en riant :
- Et … tu n’aurais pas, par hasard, l’idée de déjeuner à l’Oasis vers 12h30 ?
- Ma foi …
Lui aussi riait en me souhaitant bonsoir.

J’avais pris la précaution de fermer tous les volets avant de partir ce matin, et la maison était agréablement fraîche quand nous sommes rentrés. A peine 10h30 ; la soirée n’avait pas traîné en longueur ; une soirée de fin de week-end, chacun ayant à l’esprit la reprise du lundi … chacun, vite dit ! Moi, sûr. Alain, encore une journée pour lui.
- Tu fais quoi, demain, Annie ?
- Jogging, lessive, réunion de chantier, voiture ! et puis, il faut que je me lève tôt …
- Tu veux courir dans la fraîcheur de l’aube ?
- Aussi, et puis j’ai des tartines à préparer, apparemment tu les apprécies !
- T’es un amour !
- Tu me laisseras ton linge, je ferai une machine ici …
- Ok ! merci ! Chantier … pour le lotissement ?
- L’architecte passe demain.
Alain nous a rejointes sur la terrasse. Il s’était changé, vieux t-shirt et short de coton informes :
- T’es sûrement à l’aise avec ces trucs-là, mais franchement c’est moche ; un jour je vais les jeter …
- Je t’ai entendu parler de voiture, t’as des problèmes, Annie ?
- J’ai téléphoné samedi après-midi, je peux pas aller travailler tous les jours avec ma vieille R5, trop fatiguée ; j’en aurai une neuve demain !
- Demain ? Comment t’as fait ? ça fait un peu court comme délai, non ?
- Facile ! tu téléphones, tu dis que tu veux une voiture tout de suite et que tu paies cash ! ça finit par s’arranger !
- Si tu le dis … et c’est quoi ?
- Je sais pas ! une voiture neuve ! une qui roule sans que j’aie de souci !
Alain secouait la tête en riant :
- C’est simple comme un coup de fil ! je sais même pas pourquoi je suis étonné !
- Bon ! je passe chez moi chercher quelques affaires, et j’amène mon linge pour demain.

- Je t’accompagne ?
- Oui, si tu veux !
- Je viens aussi, je ferai porteur …

Dans la chambre du fond, Annie a préparé ses affaires de jogging, jetées en vrac dans un sac de supermarché ; des vêtements pour sa journée, mieux rangés dans un sac de voyage :
- Je vais trier quelques papiers pour demain …
Elle avait un sourire entendu en me montrant d’un signe de tête les deux portes de gauche de la penderie. Elle avait remarqué que je les regardais d’un air gourmand :
- … tu pourrais montrer mes trésors à Alain en attendant …
Elle a quitté la chambre en me faisant un clin d’œil. Alain, assis sur le lit les coudes sur les genoux me regardait les sourcils levés :
- Ses trésors ? Je suppose qu’il s’agit de tous ces objets dont Véro et toi m’avez parlé ?
Je l’ai pris par la main pour le faire lever, l’amenant devant les deux portes de la penderie où les « trésors » étaient rangés :
- Viens ! approche et ouvre grand les yeux !
Il n’a pas ouvert que les yeux : il avait la bouche béante. Oh, bien sûr, il en avait entendu parler, de cette fameuse armoire, et des nombreux objets qu’elle contenait ! mais apparemment, il avait cru à une exagération de notre part ! Là, plus moyen de douter !
- Alors ? on avait exagéré ?
- … je n’imaginais pas ça, mais y en a combien ? c’est pas croyable ! et c’est son mari qui lui ramenait tout ça ?
- Choisis tes armes, mon chéri ! tu as droit à un seul choix et Annie et moi en choisirons un chacune! Réfléchis bien ! Je vais voir où en est Annie …
Je suis restée un instant sur le pas de la porte du bureau. Assise sur un fauteuil en cuir noir devant la grande table en bois épais faisant office de bureau, ses lunettes posées sur le bout du nez, elle triait des documents qu’elle glissait dans un vieux cartable de cuir brun ou qu’elle rangeait en pile à sa droite, sérieuse et concentrée . Comme moi, elle portait seulement le paréo dans lequel elle s’était drapée en sortant de la piscine, qui s’était largement ouvert quand elle s’était assise, les deux pans écartés découvrant largement ses jambes et son ventre jusque sous les seins.
Dans son dos était punaisé sur un tableau de liège un plan du village et des terres de la commune, sans doute un extrait de cadastre, sur lequel des épingles de différentes couleurs repéraient des zones du village et quelques terrains, tout autour, entourés de traits de surligneur rose ou vert :
- C’est pas une tenue pour une femme d’affaires, ça …
Elle a levé les yeux de ses papiers et a fait pivoter son fauteuil vers la carte dont je m’étais approchée pour mieux l’observer :
- Ce sont tes propriétés ?
- C’est ça ! les épingles pour les locations, et puis les terrains, en rose les constructibles en vert les autres. C’est entre autre de tout ça que tu pourrais t’occuper ! les trois roses sont à lotir ! j’étais sérieuse, tu sais, penses-y !
- J’y pense, Annie, j’y pense …
- Tu as laissé Alain tout seul ?
- Je lui ai dit d’en choisir un, et qu’on en choisirait une chacune aussi … il réfléchit !
- Oh ! oh ! je croyais qu’il était fatigué … et puis tu travailles, demain !
- On n’est pas obligés d’épuiser toutes les possibilités ce soir !
J’ai fait pivoter son fauteuil vers le bureau :
- Termine ton tri, ne t’occupe pas de moi …
- … avec tes mains sur mes seins, je ne vais pas être bien efficace …
- Fais comme si j’étais pas là !
- … difficile …
- T’as vu ? la teinture est partie sur ton ventre ! t’as une petite chatte toute blanche !
- Mmm … c’est l’eau de la piscine, sans doute !
- Et … Nelly n’aurait-elle pas le bout des doigts colorés, par hasard ?
- Arrête ! si je l’avais laissée faire, peut-être ! elle me met mal à l’aise, cette fille !
- Moi aussi ! … tu travailles toujours dans cette tenue ?
- … non … et si tu continues comme ça, j’en finirai jamais …
En me penchant dans son dos par-dessus le dossier du fauteuil, j’avais glissé une main entre ses jambes et en fouillant de mon nez dans ses cheveux, j’avais dégagé son oreille dont je mordillais le lobe.
En fait de protestation, elle avait légèrement déplacé une jambe, m’ouvrant un passage plus facile et j’enveloppais son sexe frais tout entier sous ma main, le bout de mes doigts plongeant très profond entre ses jambes.
- Ça y est j’ai choisi ! t’as une drôle de collection, dis-moi ! tu as tout essayé ?
… Alain venait d’entrer dans le bureau …
- … même ça ?
Il tenait dans sa main … une main noire … doigts serrés et tendus :
- Je ne te connaissais pas de telles dispositions !
- Non, celle-là j’ai renoncé ! à vrai dire je n’ai même jamais essayé ! fais voir !
Elle a tendu le bras, disposant sa main et son bras à l’identique du modèle :
- Regardes ! j’ai les mains plus fines que le moulage ! alors imagine l’effet ! J’espère que ce n’est pas l’objet que tu as choisi !
- Non non, c’est pas celui-là ! mais j’étais curieux de l’usage que tu aurais pu en faire … t’es sûre que tu l’aides à travailler, Tina ?
J’avais à nouveau fait pivoter le fauteuil, le tournant face à Alain, lui offrant le spectacle du compas ouvert de ses jambes, de ma main qui massait doucement :
- Je la tiens en éveil …
- Ça marche ?
- Elle sait que je suis là, et elle a l’air d’aimer … regarde …
J’ai retiré le majeur d’entre ses lèvres ; il brillait de l’humidité qui commençait à sourdre entre ses lèvres sous la chaleur de ma main. Alain s’est accroupi devant le fauteuil entre les jambes d’Annie et ne s’est pas contenté de regarder ; il a pris le majeur que je tendais vers lui dans sa bouche pour le lécher :
- Mmm … tu sais qu’t’es bonne, toi ?
- Ooooh, non ! pas ça ! t’es bonne ! quel langage ! c’est franchement horrible !
- Peut-être … tu as raison … mais n’empêche que t’es bonne !
Annie s’est penchée vers lui, m’échappant en même temps, et l’a bousculé en riant ; il s’est affalé au sol, en rajoutant en se roulant par terre.
- Allez ! laissez-moi finir ! je me dépêche !
Elle a rabattu les deux pans du paréo sur ses jambes et s’est remise au travail.

J’ai ouvert en grand les volets de la chambre pour laisser entrer l’air frais de la nuit pendant qu’Alain prenait une douche et qu’Annie se brossait les cheveux devant le miroir de la salle de bains où je les ai rejoints :
- Donne, je vais faire …
Elle m’a tendue la brosse et j’ai tenté de démêler les boucles rebelles :
- C’est la piscine, ça les dessèche !
- Oh tu sais, piscine ou pas, j’arrive jamais à rester bien coiffée très longtemps ! Qu’est-ce que tu fais ?
- Je vais les tresser, tu vas voir !
Au-dessus de ses tempes, j’ai fait de chaque côté trois petites tresses très serrées en terminant par les élastiques de couleur qu’elle me tendait, et trois autres plus épaisses du haut de sa tête vers sa nuque. L’ensemble était assez joli et elle me souriait dans le miroir. Alain était parti se coucher depuis un long moment quand on l’a rejoint, mais ne dormait pas pour autant, à demi assis, adossé au bois de la tête du lit.
Je me suis allongée à son côté, au milieu du lit, prenant la place qu’occupait d’habitude Annie depuis qu’elle passait ses nuits avec nous.
La silhouette d’Annie, debout accoudée à la fenêtre se découpait dans l’éclairage nocturne du lam-padaire à l’entrée de la rue :
- C’est la meilleure heure … c’était lourd, cet après-midi …
- Le temps ou Nelly ?
- Oh ! les deux ! Franchement, elle, elle m’a gâchée mon après-midi !
- Viens, on va te consoler …
Elle s’est détournée de la fenêtre et s’est allongée à côté de moi, sur le dos, le cou au creux de mon bras :
- Franchement après un après-midi avec elle, ce qu’il lui arrive, je m’en moque un peu … j’ai l’impression que ça lui plaît vraiment !
- Elle avait l’air très fière de ses bijoux !
- C’est pas des bijoux, Tina, c’est des horreurs !
- Eh ! Vous exagérez. Moi j’ai trouvé ça plutôt … waouh ! je vous ferais bien poser les mêmes à toutes les deux !
- Ecoute-le, lui ! le sultan et son harem ! tu rêves, Alain ! par contre, puisque t’as l’air d’aimer ça, on pourrait te faire poser les mêmes qu’à Jonathan !
- Ah bon ? parce que lui aussi ? t’as vu ça quand ?
- On n’a pas vu, Alain ! Nelly s’est fait un plaisir de nous raconter ! et c’est une femme qui leur a fait ça à tous les deux ; et elle est du coin !
- Vous avez été efficaces, on dirait ! vous l’avez e pour qu’elle vous raconte ?
- Penses-tu ! à peine branchée, elle a tout déballé ! c’est elle qui jouait avec nous, pas le contraire !
- Moi c’est Jonathan qui m’inquiète ! vous le connaissez mieux que moi, mais …
Annie a laissé sa phrase en suspens, mais j’ai compris ce qu’elle se refusait à dire tout haut :
- Il est fragile … il se fait manipuler, c’est ça ?
- Oui … et je crois que ça ne serait pas une bonne idée d’en parler à Christophe !
- Annie, tu veux pas vérifier un truc ?
- Quoi ?
- Je crois qu’il y a un jeune-homme derrière moi !
- Comment t’as deviné ?
- Un truc que je sens dans mon dos … il est comment ?
- Pas mal … pourquoi ?
- Je peux le laisser faire, t’es sûre ? je regretterai pas ?
- Laisse-le faire,ma belle, il a l’air cool !
- J’espère qu’il assure, parce que j’avais prévu des jouets pour mon mec !
- Laisse tomber pour ce soir ! ton mec sera encore là demain ! lui, je sais pas !
- Ooooh ! mmm ….
- Il se montre entreprenant ?
- … envahissant, plutôt, ooohh … doucement, jeune-homme, doucement …
Annie s’est écartée de moi, et je me suis lentement mise à plat ventre, jambes à peine ouvertes, entraînant Alain dans mon dos. Il s’est mis en appui sur ses bras tendus et ses jambes encadrant les miennes, ne me touchant pratiquement pas, sauf de son ventre qui parfois venait toucher mes fesses. J’adore ça … j’adore quand il me prend comme ça, ne sentir que son sexe … entendre son souffle profond … je me suis accrochée des deux mains à ses poignets, me cambrant à sa rencontre, à son rythme lent … il a pris son temps … c’était … oooh ! il s’échappe ! se place plus haut ! ouuuuiiiii … je sais que je ne vais pas jouir comme ça ; ça m’est égal … c’est si bon quand même … continue, continue, je veux te sentir jouir, toi, oui … continue … j’ai senti venir son plaisir, son sexe plus dur, ses mouvements plus nerveux, il s’est arrêté, et tout de suite, la tension, l’étirement rythmé, une fois, deux fois, et la sensation de chaleur en moi, je sens son sperme gicler en moi, et c’est moi qui bouge à nouveau la première … vraiment j’adore le sentir comme ça ! et j’aime quand enfin il détend ses bras et s’allonge sur moi … son poids sur moi, sa chaleur dans mon dos, son souffle dans mon cou, ses baisers dans mes cheveux, les mots qu’il murmure à mon oreille, et puis le sentir s’amollir entre mes fesses, glisser lentement, me quitter sur une contraction, et continuer à peser sur moi, le sentir lourd, grand, et fort.
Il s’est relevé, a basculé sur le côté ; sa grande main dans mon dos, la caresse sur mes fesses, serrées, parce que je sais, je sais que je vais tâcher les draps.
Annie sait aussi ; complice ; me glisse un mouchoir dans la main ; me sourit ; murmure « vous êtes beaux » ; me sourit.


… Lundi …
Une main fraîche sur mon bras, un murmure :
- Cinq minutes …
Les rayons de lumière découpent les murs, le lit, la main lourde sur mon sein, de longs traits de soleil filtrés par les persiennes.
… Le bip du micro-ondes … Le glissement feutré de la porte fenêtre …
Je glisse au bord du lit en écartant doucement la main, tire le drap sur ses jambes et son ventre.
… Salle de bains … Miroir …
J’arrange mes cheveux d’une main, m’asperge le visage d’eau froide.
… La terrasse … Le verre de jus d’orange …
- Bonjour ma douce …
Annie est accroupie au pied de l’érable, devant le chat jaune qui lève la tête en étirant le cou au devant de la main qui le caresse, yeux fermés de plaisir.
Elle se relève, s’approche, passe une main derrière mon cou et sur la pointe des pieds, m’embrasse d’un baiser léger sur les lèvres. Je caresse son dos :
- Tu sais que les lunettes ne suffisent pas à une tenue décente !
- Abricot ou fraise ?
- Abricot !
Elle s’assoit sur mes genoux pour étaler la confiture, me tend la tartine, secoue le sachet de thé dans le mug fumant en le tenant par l’étiquette, plusieurs fois, le prend dans la cuillère et entoure la ficelle autour pour le presser, pousse le mug devant moi et s’attaque à la seconde tartine :
- Tu rentres vers quelle heure ?
- Vers cinq heures … Jérémy viendra manger à l’Oasis …
- Véro ?
- Mmm mmm …
Le chat jaune s’étire, dos arrondi bien haut, puis se roule dans l’herbe sur le dos et s’allonge en nous tournant le dos :
- A qui il est ?
- Sais pas … je le vois que le matin … t’es en forme ?
- Je te dirai ce soir … je vais pas forcer …

Elle avait fini ses étirements quand je suis sortie, et m’a fait un signe de la main en partant. Le temps que je fasse demi-tour, elle avait tourné vers le bas du village et le bois du Charnoy. J’ai roulé avec la clim jusqu’au bureau.
Quand je suis arrivée, il n’était pas tout à fait 8 heures, et Mireille était déjà là, passant un coup de chiffon sur son bureau et son clavier. Bertrand aussi était là, sortant de la réserve un gobelet de café à la main.
Tout était tellement pareil, alors que tant de choses avaient changé …
C’est en m’asseyant à mon bureau que j’ai vraiment commencé à penser à la proposition d’Annie.
L’agence Cléziaud … trois personnes … lui, la bonne soixantaine … pas d’, plus de femme, peu d’affaires en vitrine … S’il perd la gestion des appartements et des maisons d’A nnie, le lotissement, les autres terrains, son agence ne vaut sans doute plus très cher, et dans le coin, moi, je connais tout le monde … même pas la peine de racheter son fond … ou peut-être que si, lui aussi connaît du monde … à voir ! Pourquoi pas !
- Bonjour bonjour !
- Bonjour Véro !
Poignée de main à Mireille et Bertrand, un gros baiser pour moi :
- T’étais toute rêveuse ! des ennuis ?
- Oh non ! Tout va bien ! très bien !
Je l’ai emmenée dans la pièce du fond, vers la machine à café, pour discuter tranquillement, loin du regard de Mireille. Elle massacrait son clavier, comme d’habitude, mais je sais qu’elle ne perd rien des conversations :
- Je m’imaginais ailleurs …
- Et où donc ?
- … Cléziaud …
- Ahhhh ! c’est bien ! ravie de voir que tu réfléchis à la proposition d’Annie ! fonce Tina ! et pense à ta copine si t’as besoin d’une vendeuse ! je suis bonne tu sais !
- Ouais … je sais que t’es bonne … belle et bonne ! et ta mère, alors, contente de te voir ?
- Tu parles ! comme d’habitude ! elle a ronchonné tout le temps … j’avais promis ! mais j’aurais largement préféré rester ici … tout le monde va bien ?
- Oui, oui. Alain et Annie vont bien. Elle va travailler avec Christophe à la librairie, tu sais …
- Et … vous trois ?
- Bien, Véro, vraiment bien !
- Et … vous avez revu Jérémy ?
- Mmm mmm, hier soir …
- Et … ça va, lui ?
- … pas fort … inquiet …
- Ah bon ? qu’est-ce qu’il lui arrive ?
- Il voulait savoir si je mangeais à l’Oasis à midi …
- Ben … je ne comprends pas pourquoi ça l’inquiète …
- C’est-à-dire que … il voulait aussi savoir si tu mangeais avec moi …
Elle essayé de masquer son plaisir en détournant la tête, mais elle n’a pu retenir la brusque colora-tion de ses joues et un sourire gourmand d’étirer ses lèvres ; quand elle m’a regardée à nouveau et qu’elle a vu mon grand sourire, elle a abandonné son petit air innocent, limite « faux-jeton » et a éclaté de rire :
- Bon, ça va … arrête ! … ok ! moi aussi j’ai envie de le revoir ! Mais tu lui dis rien, hein ?
- Mmm … c’est un bon copain … je sais pas …
- Noon ! Tina ! Promets ! déconnes pas ! je ferais tout ce que tu veux, mais tu lui dis rien ! Promets !
- Tout ce que je veux ? oh oh …
Je tournais autour de la table haute en faisant mine de réfléchir ; en fait j’en profitais pour vérifier où était Bertrand. Pour Mireille, pas de problème, elle ne quitte son bureau que pour aller aux toilettes, deux fois par jour, à 11 heures et à 15 heures, elle doit avoir une sorte d’horloge interne … Bertrand était à son bureau en train de trier les fiches. Il les lit et les relit sans arrêt tous les matins ; lui aussi est très prévisible, et il ne prend qu’un café le matin, et son gobelet est posé devant lui …
Nous sommes donc tranquilles …
Je me suis approchée de Véro et me suis penchée à son oreille :
- Enlèves ta jupe …
Elle s’est lentement tournée vers moi, sourcils levés, muette, m’a dévisagée un long moment ; un éclair, fugace, dans son regard … elle aussi est prévisible. Tenant la taille de sa jupe d’une main dans son dos, de l’autre elle a défait la petite agrafe et baissé la fermeture éclair. En me tournant le dos, elle s’est tortillée un peu pour faire glisser la jupe cintrée sur ses hanches, elle l’a enjambée. Elle tenait sa jupe entre deux doigts, à bout de bras levé à hauteur de son épaule. La blouse bleu-roi, un peu froissée d’avoir été prise sous la taille couvrait à peine ses reins, masquant en partie la taille du string noir remonté très haut sur ses hanches. Le triangle évasé plongeait entre de très jolies fesses bien rondes et lisses. Elle attendait immobile.
J’ai chuchoté dans son dos :
- … ton string …
A peine un mouvement d’épaules trahissant le soupir de résignation qu’elle avait retenu. Elle a soigneusement plié sa jupe et l’a posée sur l’un des tabourets hauts. Un murmure, sans se retourner :
- … j’espère que tu sais ce que tu fais …
Je n’ai rien répondu. Soulevant légèrement la blouse, elle a glissé ses doigts à plat sur ses hanches sous la ceinture du string et l’a abaissé, écartant légèrement les jambes, soulevant un genou puis l’autre, accrochant une boucle de ses escarpins à lanières au passage. Le string a rejoint la jupe sur le tabouret. Magnifique … immobile, cambrée, délicieusement impudique. D’une main sur sa hanche, de l’autre la poussant en haut du dos, je l’ai penché sur le tabouret où elle s’est appuyée de ses avant-bras sur la jupe. J’ai reculé d’un pas, puis d’un autre, pour admirer la pose. Jambes un peu écartées sur l’ombre de la naissance du sexe à peine visible, les deux adorables petits plis marquant le bas des fesses tendues plongeant vers l’ombre … j’avais en tête l’une des images du livre que Christophe m’avait offert samedi et que j’avais trouvé dans son rayon des perversités tout au fond de sa librairie … je m’imaginais, une cravache en main, martyriser cette chute de reins offerte ! Mais non ! pourquoi abîmer une si belle peau ! quelle drôle d’idée ! quoi que… Je me suis approchée. Une main sur ses reins, remontant sous la blouse sur son dos qui se creuse … l’autre main sur une fesse, peau fraîche et douce, ferme, piqué d’un clair et fin duvet, descend et plonge entre les jambes, qui s’ouvrent et ouvrent ses lèvres douces, majeur tendu, qui doucement trouve les chairs tendres, souples … et humides de désir, mais oui, elle est excitée, et sa liqueur la trahit, comme me trahirait la chaleur moite que je sens sous ma robe … pensée importune, mais qui me fait mordre mes lèvres pour un rire : et si par extraordinaire Bertrand voulait ce matin un deuxième café ! crise d’apoplexie assurée !
Je l’ai caressée tout doucement d’un doigt sur son bouton d’amour, que je mouillais de temps en temps en plongeant au profond de son sexe, ralentissant parfois, inquiète du petit bruit humide accompagnant ma caresse ; elle, étouffe sa plainte et sa respiration oppressée du string serré dans son poing qu’elle appuie sur sa bouche. Elle a joui, en tremblements et en cambrure accentuée, en fléchissement des genoux, et je l’ai accompagnée longtemps, d’une caresse adoucie, plus légère et plus lente, jusqu’à ce que les muscles de son dos sous ma main se détendent, que sa main écarte de son visage le string qui avait étouffé son plaisir.
Je l’ai aidée à se redresser, retournée dans mes bras pour un baiser léger sur son front qui perle d’une fine transpiration, sur ses joues rougies, sur ses lèvres douces.
Elle s’est appuyée d’une main sur mon épaule pour enfiler ses jambes sur la jupe que je tenais, de son front sur mes seins quand je l’ai refermée dans son dos en remettant sa blouse en ordre :
- … tu as oublié de me remettre mon string …
- Je n’ai pas oublié … je le garde !
- Tu es le diable incarné !
- … oui, peut-être … mais un diable qui sera muet sur ton désir quand Jérémy te fera la cour …

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